S’adossant sur le fallacieux prétexte de la ” majorité des 2/3 ” dix-sept conseillers municipaux de la commune de Banwa se sont réunis lundi 15 mai 2023 au foyer culturel de cette localité et ont décidé d’écarter le Maire TOMOH DAVID de la gestion des marchés publics au profit d’une commission à la tête de laquelle ils ont placé ses Adjoints. Action menée en marge de la réglementation sur les CTD et qui remet au gout du jour le débat sur la question de la formation et du recyclage des conseillers municipaux au Cameroun.
Les raisons évoquées par les initiateurs de ce projet visant la mise à l’écart du Maire dans la gestion des marchés publics de son territoire de compétence sont entre autres “la corruption et le clientélisme”. Sur le procès verbal de cette réunion du 15 mai 2023 à Banwa , 3 griefs sont évoqués pour justifier cette fronde contre le Chef de l’Exécutif Communal .On peut y lire que les Conseillers ont constaté “(a) la défaillance totale de Monsieur TOMOH DAVID, Maire de la Commune de Banwa (b) les absentéismes irréguliers prolongés de Monsieur TOMOH DAVID, Maire de la Commune de Banwa (c) les activités de roublardise, de clientélisme, et de corruption menées par Monsieur TOMOH DAVID, Maire de la Commune de BANWA.” Des observations qui ont amené ces conseillers municipaux à prendre à leur niveau , les décisions suivantes : ” (1) En dehors des actes de l’Etat civil, toutes les décisions doivent désormais être ratifiées avant, pour signature, par tous les conseillers; (2) Monsieur TOMOH DAVID, Maire de la Commune de Banwa est dessaisi de la gestion de tous les projets(BIP, FEICOM et autres) de la Commune au profit d’une commission mise sur pied”.
Parmi les membres constituant cette nouvelle ” commission” figurent comme Président Monsieur NGAMALEU MATHIAS MODESTE, Premier Adjoint au Maire de la Commune de Banwa. Vice-Président, Monsieur DEUTOU NGUEMENI JEAN MARIE, Deuxième Adjoint au Maire de la Commune de Banwa. Comme rapporteurs, sont cités, Messieurs TCHOKOMAKOUA MARTIN et TCHAMDJOU JOSEPH. Les membres étant ” tout le reste des conseillers”.





SANS TENIR COMPTE DU CADRE LÉGAL ET RÉGLÉMENTAIRE
Ils sont dix-sept à avoir inscrits leurs noms et signés la liste de présence de cette réunion tenue à l’écart des dispositions légales y relatives. En effet, sans mettre en doute la légitimité sur le fond des conseillers municipaux de Banwa à vouloir déposer le chef de leur exécutif communal, c’est sur le plan de la forme que leur action est entachée d’irrégularités. Le code général des Collectivités Territoriales Décentralisées prévoit pourtant les conditions dans lesquelles un conseil municipal peut exprimer sa position vis à vis d’un maire. Tout comme il prévoit les conditions dans lesquelles le conseil municipal peut mettre en difficulté un maire. Des situations tout à fait normales qui témoignent du dynamisme de la vie politique à condition toutefois que les formes législatives et réglementaires en la matière soient respectées. L’article 205 du code de général des CTD stipule clairement que ” en cas de décès, de démission ou de révocation du Maire ou d’un Adjoint au Maire, le Conseil Municipal est convoqué pour élire un nouveau Maire ou un Adjoint au Maire, dans les soixante (60) jours qui suivent le décès, la démission ou la révocation.” Des préalables qui n’ont certainement pas été respecté dans ce projet visant à destituer le Maire TOMOH DAVID . Toujours dans ce code, l’article 171 donne des précisions sur le processus légal de convocation d’une session du conseil municipal en cas de défaillance constaté du Maire. ” En cas de défaillance du Maire, et au terme d’une mise en demeure de soixante-douze(72) restée sans suite, le représentant de l’Etat signe les convocations pour la tenue de la session du Conseil Municipal.” À l’évidence, ni le représentant de l’Etat, ni celui du ministère de tutelle , le MINDEVEL, n’étaient présents à cette “réunion” dont les résolutions ciblent le siège du Maire. Des absences notoires qui discréditent cette initiative.
AUX ORIGINES DE LA CRISE, LA GESTION DES MARCHÉS PUBLICS
C’est via une publication sur les réseaux sociaux, une sonnette d’alarme à peine voilée, que le Chef de l’Exécutif Communal de Banwa a donc décidé d’ étaler au grand jour les désaccords avec son patron politique l’Honorable Pierre Kwemo. Il accuse même ce dernier d’avoir comploté pour attenter à sa vie. D’après le Maire, la tentative d’agression serait survenue dans la nuit du Mardi 16 mai 2023 aux environs de 21h20. Alors qu’il rentrait de Bafang pour Banwa, au niveau de la montée Djamoni sur l’axe routier Moumée-Pont Banwa Centre. Son véhicule a été stoppé par trois autres voitures dont l’un des occupants était l’Honorable Pierre Kwemo accompagné de plusieurs gros bras.” J’ai vu des gens sortir du véhicule de Pierre Kwemo et porter les gants pour venir m’attaquer. J’ai demandé à mon chauffeur de ne pas paniquer, de bloquer les portières du véhicule, de faire marche arrière et de foncer sur l’Honorable Pierre Kwemo. C’est au moment de foncer sur lui qu’il a libéré la route et nous avons pu nous frayer un chemin afin de nous échapper. Sans ça, je serai dans la tombe aujourd’hui ” raconte David Tomoh qui par la suite donne les raisons de cette animosité. Pour lui, cette ” tentative d’assassinat” est liée à un refus d’attribuer un marché public à l’Honorable Pierre Kwemo, de peur que ce marché se solde en échec comme ce fut le cas avec celui relatif à l’électrification du village Bamelec. Un épisode de plus dans la série des relations houleuses dans cette commune du département du Haut-Nkam. Déjà par le passé, seulement neuf mois après les élections en novembre 2022, KAMENI CHARLES, Maire titulaire de Banwa a l’époque avais été démis de ses fonctions pour soupçon d’atteinte à la fortune publique, malversations financières et manque de collaboration. Faux et usage de faux dans la passation des marchés. Des motifs similaires à ceux ayant justifié ce projet mené par 17 conseillers municipaux le 15 mai dernier à Banwa.
POUR QUI ROULENT LES MAIRES DE L ‘UMS ?
Lors des dernières élections municipales en février 2020, l’ Union pour les Mouvements Socialistes (UMS) de Pierre Kwemo, s’est imposé dans les communes de Bafang et de Banwa dans le département du Haut-Nkam, Région de l’Ouest .Des communes qui se caractérisent malheureusement par des batailles de leadership entre les Chefs des exécutifs communaux et leur patron politique sous des forts soupçons de conflits d’intérêts sur la gestion des marchés publics . La question étant donc de savoir finalement pour qui travaillent ces Maires : pour le parti qui les a investit, ou pour les populations qui les ont élu ?” La discipline du parti” est-elle au dessus des engagements pris devant le peuple par un Maire ?
Dans une interview accordée au journal en ligne KAMER INFOS +, ERNEST GILBERT MVONDO, Délégué Régional de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du Territoire pour la Région de l’Ouest félicite l’action des Maires de la région du soleil couchant dans l’exécution du budget d’ investissement public . Il émet toutefois des réserves parlant de l’attitude des chefs des exécutifs communaux du parti politique UMS ” qui ont une approche qui n’est pas dans le sens de l’intérêt général” . . Et d’ajouter dans ses observations que ” ces communes abusent un peu de certains aspects réglementaires.” Ce qui peut justifier cette situation délétère au sein du Conseil Municipal.
En attendant les réactions de l’Honorable Pierre Kwemo suite à ces graves accusations du Maire de Banwa qui entachent sa réputation , on ne peut qu’imaginer au vu des attitudes et des forces en présence que ce malaise ira grandissant en attendant l’entrée en scène d’un médiateur pour ramener la paix et la cohésion dans cette commune de Banwa désormais ouvertement divisée, avec 17 conseillers opposés au Maire David Tomoh.
Affaire à suivre.
Ce que ça fait…ça fait !