Plus qu’un come back , c’est un véritable triomphe pour “MMK”. En effet, les combats de MMA organisés à Douala le 27 juin dernier dans le cadre de l’inauguration du Complexe Premier Project Arena and Academy by Francis Ngannou ont permis à KEVIN MVODO MVOUGOU de revenir au devant de la scène en remportant la ceinture mise en jeu dans les -65 kg. C’était face au ghanéen FRED KUDZETE. Ce combattant expérimenté qui a pourtant participé aux premiers pas du MMA au Cameroun il y a près de 10 ans, avait paradoxalement disparu des radars ces dernières années. Un retour gagnant sur les traces du double champion du monde de MMA FRANCIS NGANNOU à l’unanimité des 3 juges après 3 rounds de 5 minutes pour ce qui a été pour plusieurs observateurs présents, le plus beau combat de cette cérémonie. Pour mieux comprendre les secrets de ce retour en force, et connaitre ses projets pour la suite de son parcours, “MMK” a accepté de répondre à nos questions.
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BONJOUR MMK ET MERCI DE NOUS ACCORDER UN PEU DE TEMPS. POUR COMMENCER FAITES AVEC VOS PROPRES MOTS VOTRE PRESENTATION. QUI EST MVODO MVOUGOU KEVIN ?
Oui, merci tout d’abord pour l’occasion que vous me donnez de parler un peu de moi. je suis MVODO MVOUGOU KEVIN, ” MMK” pour les ami(e)s et les fans. Je suis Camerounais , originaire de la région du centre, digne fils akonolinga, pratiquant d’arts martiaux et de sports de combat, particulièrement le karaté, le MMA et le kickboxing. J’ai été formé au SAMOURAI KC de Nkolndongo ici à Yaoundé et j’ai découvert le MMA à travers la team NDA NDÙM E IBOM avec laquelle j’ai fait mes premiers combats. Actuellement, je suis avec le Coach BIEME BLAISE au sein de la TEAM BANGBANG KICK-BOXING MMA IN CAMEROON.
UN “ANCIEN” COMBATTANT DE MMA AU CAMEROUN QUI ÉTAIT LÀ DÈS LE “COMMENCENENT” DE CETTE AVENTURE . C’EST CE QUE VOUS VOULEZ DIRE ?
Exactement. Ce que je dis est vrai. Beaucoup qui sont dans le MMA actuellement ne me connaissent pas bien, mais les anciens se souviennent de moi . Je fais effectivement partie des tous premiers combattants de MMA Camerounais. Si je me rappelle bien, j’ai fait le deuxième combat lors du tout premier tournoi de MMA dans notre pays. À l’époque, ça s’appelait le ” FIGHTING SHOW”. Pour ceux qui se souviennent, ça se passait à l’époque dans les rings de l’ancien CAMP DE L’UNITÉ ici à Yaoundé. On ne rêvait même pas encore d’avoir une cage .

PUIS VOUS AVEZ DISPARU. ON NE VOUS A PLUS VU DANS LES SOIRÉES DE COMBAT. QUE S’EST-IL PASSÉ ? OU ETIEZ VOUS CHAMPION ?
Vous le savez bien, je ne vous apprend rien : le sport dans notre pays, c’est un peu plus compliqué qu’ailleurs. Nous ne vivons pas encore des moyens que le sport nous fournit. Donc de temps en temps, on est obligé de disparaître pour trouver de quoi manger, nourrir sa famille, payer le loyer et les factures. Surtout que j’ai déjà une femme et des enfants dont je dois m’occuper, préparer leur avenir. C’est pourquoi de temps en temps, je suis obligé de me sacrifier pour laisser un peu le MMA, ma passion, pour me concentrer sur les petits boulots , chercher le pain quotidien .
ALORS QU’EST-CE QUI MOTIVE VOTRE RETOUR ? POURQUOI REPRENDRE LA COMPÉTITION ?

C’est simplement la passion. Je suis un passionné des sports de combat et de MMA et j’aime bien les défis . Dans le fond de mon cœur, je me disais toujours que je vais revenir dans le MMA pour pouvoir écrire mon nom dans l’histoire de cette discipline et c’est ce que j’essaie désormais de faire.
ET LE GRAND RETOUR TRIOMPHAL À DOUALA LE 27 JUIN DERNIER AU COMPLEXE PREMIER PROJECT ARENA, COMMENT S’EST PASSÉE LA PRÉPARATION ?
Bon, c’est vrai, la préparation était très courte. J’étais dans un petit voyage, je suis arrivé en moins de deux semaines. Je reçois le message de mon coach , le Coach BIEME BLAISE, qui me dit qu’il y a une proposition de combat pour toi, et que je dois déjà me mettre sur pied . Directement, je lui ai donné mon accord de principe . Ensuite , j’ai obtenu l’accord de ma Hierarchie au boulot pour un petit temps de repos et j’ai consacré ce temps là à la préparation de mon combat.

C’est une préparation vraiment rude parce que vous savez, le sportif particulièrement le sportif camerounais, quand il est en temps de repos se laisse un peu aller dans un petit désordre alimentaire . Il se permet de se faire plaisir et mange presque tout ce qui tombe dans son plat .Résultat : on est en surpoids. C’est dans cette situation que je me suis retrouvé et à quelques jours de mon combat ce n’était pas évident pour moi.
Et pendant la préparation, c’était vraiment difficile parce qu’il fallait que je fasse un régime approprié qui m’ a fait perdre énormément de poids au point où je me sentais fatigué la veille du combat. Mais Dieu merci, avec les conseils des gens qui m’entourent et leur aide, je me suis senti très motivé. Ça m’a beaucoup remonté et Dieu a permis que je puisse avoir cette ceinture.
REVENONS SUR CE COMBAT DANS LES -65 KG .LE 2e DE CETTE SOIRÉE. VOTRE ADVERSAIRE, FRED KUDZETE DU GHANA, LE CONNAISSIEZ VOUS AVANT OU VOUS L’AVEZ TOUT SIMPLEMENT DÉCOUVERT LORS DE CE TOURNOI ?
Non, je ne le connaissais pas. C’est juste à quelques jours du combat qu’on m’a envoyé sa photo et son CV. J’ai toujours aimé les combats difficiles . On m’a dit qu’il avait cinq combats avec autant de victoires. Ça ne m’a pas impressionné. C’est vrai, le stress, comme chez chaque athlète, il était là . J’ étais donc un peu stressé . Mais quand je l’ai vu lors de la pesée , j’ai senti qu’il était prenable. J’ai juste essayé d’appliquer ce que les coachs m”ont demandé de faire et j’ai pu le vaincre.
CE COMBAT QUE BEAUCOUP ONT DESIGNÉS COMME LE PLUS BEAU DU TOURNOI EST ALLÉ AU BOUT DES 3 ROUNDS. QUE S’EST-IL PASSÉ ? POURQUOI N’AVEZ VOUS PAS PU L’ACHEVER PLUS VITE COMME VOS AUTRES CAMARADES DE LA TEAM CAMEROUN L’ON FAIT AVEC LEURS ADVERSAIRES ?

Merci d’avoir aussi reconnu que c’était le plus beau combat. Moi, je ne suis pas bien placé pour juger si c’était le plus beau combat de cette journée ou pas . J’ai juste essayé de faire mon job de combattant à ma manière, parce que j’aime bien m’exprimer. Vu que je n’ai pas eu assez de temps pour me préparer, je savais qu’il y avait le cardio qui allait me manquer et la fatigue qui allait s’installer.
Sur le plan de la stratégie , mes coachs m’avaient prévenu que mon adversaire était un striker et faisait plus dans le Muai Thai. Donc il fallait que j’insiste sur les take downs et le développement au sol, ce que j’ai essayé de faire. Mais je me suis rendu compte que j’avais un problème de finition quand on se retrouvait au sol. Je l’emmenais bien au sol, mais je manquais vraiment quoi faire pour finaliser mon combat . Ce qui à certains moment m’obligeait à revenir debout , dans son style de combat où j’ai par la suite découvert qu’il n’était vraiment pas ce qu’on me disait. Je l’ai touché plusieurs fois avec ma jambe avant en high kick et même avec mes directs du droit , mais pas assez puissamment pour le mettre KO mais suffisamment pour marquer des points .Et à la fin, tous les juges m’ont donné la victoire . C’ était vraiment un adversaire redoutable. J’ai aimé son style , sa façon de combattre . C’ est un gars complet , debout et au sol .Ce n’est pas seulement un striker comme on le pensait . J’ accepterai bien le rencontrer une autre fois s’il demandait un combat de revanche.
À QUEL MOMENT DU COMBAT VOUS ÊTES VOUS SENTI EN DIFFICULTÉ ?
C’est vrai que j’ai été un peu en difficulté quand je l’amenais au sol parce qu’ il savait bien se défendre .Du coup, j’ai souvent hésité, je ne savais plus quoi faire á ces moments là. Je ne parvenais pas à placer une clé ni encore à le marteler en ground and pound .J’ai donc passer le temps à le frapper autant que je le pouvais afin de marquer le plus de points possible. J’ai pensé que c’était la meilleure des solutions pour gagner ce combat. Et c’est ce qui s’est passé.
ET À LA FIN DU COMBAT IL Y A LE PRESENTATEUR QUI ANNONCE QUE FRANCIS NGANNOU VOUS OFFRE À CHACUN UNE PRIME SPÉCIALE DE 100 000 F CFA POUR TON ADVERSAIRE ET TOI . QUELS SENTIMENTS VOUS ANIMAIENT À CET INSTANT PRÉCIS ?
C’était vraiment une grande fierté étant donné qu’il y a un de mes coéquipiers qui m’a envoyé une capture d’écran par la suite où il (FRANCIS NGANNOU) fait des commentaires sur mon combat. Il a dit que c’était le plus beau combat de cette cérémonie d’inauguration et qu’ il a apprécié le style que nous avons développé. Pour moi, c’était vraiment une surprise. Je ne savais pas qu’il pouvait aimer vraiment le style d’un combattant camerounais qui fait son MMA ici au pays comme moi et ça m’a motivé à travailler encore plus afin que s’il nous offre d’autres occasion de spectacles comme celle-ci , qu’il ne soit pas déçus et qu’il trouve vraiment que je suis bien entraîné et prêt à faire ce qu’il faut pour lui offrir plus de spectacle.
COMBATTRE EN SACHANT QUE CE DOUBLE CHAMPION DU MONDE , FRANCIS NGANNOU, EST DANS LA SALLE ET VOUS REGARDE. EST-CE QUE ÇA NE VOUS A PAS MIS PLUS DE PRESSION OU AU CONTRAIRE, C’ÉTAIT UN ÉLÉMENT DE MOTIVATION ?
Bon, la pression c’est normal . Je connais la pression tous les jours dans ma vie et quand j’entre dans une cage ou dans un ring, je ne sais plus trop qui est à côté de moi. Je me concentre sur la personne qui est en face de moi, mon adversaire que je dois dominer .Je sais juste que je dois m’exprimer. Je dois faire ce que je sais le mieux et que j’aime le mieux faire : combattre, placer mes techniques afin d’obtenir la victoire comme c’était le cas à Douala.

CE TOURNOI VOUS A DONNÉ L’OCCASION DE RENCONTRER VOTRE IDOLE , LA STAR MONDIALE DU MMA, FRANCIS NGANNOU. QUE VOUS A T-IL DIT ? QU’EST-CE QU’IL REPRÉSENTE POUR VOUS ?

C’est un grand modèle, un grand modèle pour moi au vu pour ce qu’il fait pour le MMA en Afrique et particulièrement au Cameroun. C’est vrai. Après le combat, il est arrivé dans notre hôtel. Nous étions en train de nous préparer à aller prendre le dîner. Il nous a surpris, je vous assure .On ne l’attendait même pas. On a eu quelques échanges et on a pris quelques photos . Il nous a encouragé et donné des conseils pour le futur de cette carrière de combattant de MMA que nous sommes justement en train de préparer.
EVOQUONS À PRESENT VOTRE PROJET DE CARRIERE . VOUS VENEZ DE REMPORTER LA PREMIERE CEINTURE DE VOTRE PALMARES. LA SUITE MAINTENANT C’EST QUOI ?
Moi, j’essaie juste de me préparer à mon niveau. Je ne me concentre pas trop sur ce qui va arriver. Mon problème, c’est juste d’être sur pied, bien entraîné pour ne pas être surpris comme j’ai été surpris cette fois ci. J’attends juste ce qui va se présenter pour faire ce que j’ai à faire. Je discuterai des offres avec ma team et on prendra la bonne décision.
AVEZ-VOUS DEJÀ REPRIS LES ENTRAINEMENTS OU VOUS ÊTES ENCORE EN REPOS?
J’ai repris cette semaine. Le repos, c’était juste quelques jours. Je n’ai pas eu de blessures durant le combat . La visite médicale c’était RAS et donc le repos a été de courte durée . J’ai donc vite repris les entrainements, cette semaine .Avec mon coach et les membres de notre équipe, TEAM BANGBANG KICK-BOXING MMA IN CAMEROON, on a recommencé à bosser.
JUSTEMENT, UN MESSAGE POUR VOTRE COACH ET VOS CAMARADES D’ENTRAINEMENT AU CLUB ?
Oui, je vais leur passer un grand bonjour et beaucoup de remerciements à tous ceux qui me soutiennent. J’ aime bien le style de mon coach. Il a un caractère de leader, un caractère de quelqu’un qui veut toujours gagner. Et c’est ça qui nous amène toujours à aller de victoires en victoires et sans vous oublier aussi par rapport à tout ce que vous avez fait et que vous faites toujours pour moi. De temps en temps, vous êtes là pour m’amener a évoluer. Je vous remercie vraiment pour ça.

ET POUR FINIR IL Y A DESORMAIS LA FÉDÉRATION DE MMA QUI EXISTE AU CAMEROUN. AVEZ-VOUS UN MESSAGE POUR LES RESPONSABLES QUI VONT NOUS LIRE ? QU’AVEZ VOUS À DIRE PAR RAPPORT A TOUT CELA ?

Bon, c’est vrai, il y a la Fédé , il y a les athlètes, il y’ a les team. Chacun a son rôle. Pour les encadreur, ceux de la fédération, j’aimerais juste qu’ils continuent de nous présenter des événements de grande envergure comme ce qu’on connu récemment à Douala. Pour nous, les athlètes, que nous essayons de rester concentré sur le travail. On ne doit pas mélanger la politique des encadreurs et le rôle des athlètes. Chacun a son rôle. Nous sommes les athlètes, ils sont les encadreurs et chacun assume son rôle à son niveau.
Ce que ça fait…ça fait !
Entretien réalisé le mardi 11 juillet 2023 à Cities Radio, Yaoundé.

Bravo!! Bonne continuation !