“Le barman a droit à la vie” c’est le thème de la 14ᵉ édition de la semaine du barman au Cameroun. L’évènement qui va durer environ deux semaines, du 29 avril au 11 mai 2024, a été lancé au cours d’une conférence de presse ce lundi à l’Hôtel La Falaise ici à Yaoundé. Devant les journalistes et les hommes/femmes de médias, Me Tapa Roger, Président National du Syndicat National des Exploitants de Débits de Boissons du Cameroun ( SYNEDEBOC) et ses proches collaborateurs ont réitéré leur volonté d’augmenter le prix de la bière à 100f si le Gouvernement ne consent pas à des allègements fiscaux dans leur secteur d’activité.
C’était à l’effet d’alerter l’opinion publique sur une éventuelle hausse du prix de la bière au Cameroun dans les jours à venir que les responsables syndicaux des exploitants des débits de boissons étaient face à la presse ce lundi à Yaoundé. En effet, c’est dans une correspondance datée du 25 avril 2024 que le SYNEDEBOC par la voix de son Président National, fait part au Ministre du Commerce du Cameroun de sa volonté d’opérer une augmentation du prix des boissons vendues aux consommateurs sur le terrain.” Nous venons, par la présente, porter à votre bienveillante attention notre projet d’augmenter de 100 francs CFA par bouteille le prix des boissons à compter du 11 mai 2024″ peut-on lire sur ce document. Au passage, Roger TAFAM explicite les raisons d’un tel projet, notamment les effets pervers de l’augmentation du prix du carburant à la pompe qui impacte négativement la chaîne d’approvisionnement des exploitants de débits de boissons. Des difficultés amplifiées par l’augmentation et la multiplication des charges fiscales. En effet, que ce soit la Taxe d’Hygiène et de Salubrité(THS) qui était jadis de 24 000f CFA par an, l’Occupation Temporaire de la Voie Publique (OTVP) qui en principe est de 100 F CFA par jour et par mettre carré, la Taxe sur le Spectacle dont les montants sont arrêtés de façon arbitraire par chaque Mairie, ou encore le Droit d’Assise, une taxe payées aux impôts pour les produits dont la consommation pourrait causer des problèmes de santé et qui est calculée en fonction du chiffre d’affaires de chaque établissement, toutes ces taxes pour ne citer que celles-là, de manière générale ont été doublés pour l’exercice budgétaire 2024 sans que des raisons officielles ne soient à ce jour, données aux concernés. Ajouté à cela, et le ravitaillement en cascade aussi pour la sicole sur le terrain.
Et le Président du SYNEDEBOC, au vu de tout ce qui précède, de conclure : “Nous sommes au regret de constater que notre secteur d’activité meurt, il est au bord du précipice. À ce titre, faute d’alternative, nous nous trouvons dans l’obligation de procéder à l’augmentation mentionnée en amont.”
L’occasion faisant le larron, les responsables syndicaux ont profité de cette conférence de presse pour informer les hommes et femmes de médias sur les autres difficultés qui minent l’exercice de leurs activités au quotidien. En première ligne de ces déboires, le problème non réglé des ristournes qui n’ont pas augmenté, maintenues à 250 f CFA depuis 15 ans. Pourtant, engagement avait été pris par les parties le 13 décembre 2023 à Douala pour que ce montant passe à 500f. Ce qui n’est pas encore effectif. Or ce sont ces ristournes qui constituent le bénéfice des propriétaires de ces débits de boissons.

L’ÉTAT PERÇOIS 50% DANS LE PRIX D’UNE BOUTEILLE VENDUE DANS UN BAR
Autre problème, la marge bénéficiaire des barmen qui diminue de jour en jour comme une peau de chagrin. En effet, d’après les explications des syndicalistes, l’État du Cameroun à lui seul perçoit plus de 50 % dans le prix d’une bouteille vendue au consommateur, c’est-à-dire 340 francs sur 650 francs. L’État qui par ses diverses taxes “prend les bénéfices sans participer aux charges” devient, de fait, le véritable propriétaire des débits de boissons d’après les explications du SYNEDEBOC.
Le souhait est donc pour les exploitants d’obtenir de cet État en contrepartie soit une réduction de ses gains propres en baissant la fiscalité dans les boissons, soit l’autorisation de cette augmentation de 100 francs qui les soulagera à coup sûr. D’après Roger Tapa, lutter contre la vie chère peut aussi passer par une réduction, par les autorités, des taxes et impôts qui étouffent les chefs d’entreprises et ceci dans plusieurs secteurs de la vie active au Cameroun. De la bouche du Président National du SYNEDEBOC, si l’État du Cameroun réduit 100 francs sur les 340 francs qui lui reviennent dans le prix d’une bouteille de bière par exemple, le problème sera réglé.
La question des pots-de-vin reversés désormais ouvertement chaque soir par les propriétaires des débits de boissons aux Forces de Maintien de l’Ordre (FMO) a aussi été évoquée. Un phénomène parti des grandes villes et qui est désormais généralisé sur l’ensemble du territoire national, y compris dans les zones rurales. Le passage quotidien des “hommes en tenue” pour la ” collecte” coûte entre 2000f et 3000f en moyenne, voir 5000f pour le cas de la ville de Bafia. Ce qui entraine des pertes de près de 120 000f par mois pour chaque bar. Des poches de dépenses supplémentaires qui aggravent davantage la souffrance des tenanciers de débits de boissons. Le SYNEDEBOC exhorte donc les Pouvoirs Publics à mettre fin à cet état de chose qui non seulement amplifie le malaise des populations, plombe l’épanouissement de tout ce secteur d’activités porteur d’emplois, mais aussi et surtout participe de la banalisation de la corruption dans notre pays le Cameroun.
Vers la fin de ces échanges avec la presse, la question des toilettes a également été évoquée. Le Président National Me Tapa Roger a interpellé la responsabilité de l’État une fois de plus ainsi que celle des CTD qui manquent à leur devoir de régulation et de contrôle. En effet, on ne devrait pas ouvrir un bar sans toilettes au Cameroun, mais sur le terrain, les Pouvoirs Publics continuent de délivrer des licences d’exploitation à des individus sans aucune vérification sur le terrain. D’où le phénomène de multiplication de débits de boissons sans toilettes. Et quand bien même, ils sont disponibles, leur entretien laisse le plus souvent à désirer. Là encore, le laxisme des communes qui perçoivent pourtant la Taxe d’Hygiène et de Salubrité(THS) a été pointé du doigt. À quoi sert donc cette taxe si les Services d’Hygiènes des Mairies ne descendent pas sur le terrain ? Évoquant leur part de responsabilité dans la mauvaise gestion des toilettes dans leurs établissements respectifs, les Exploitants des débits de boissons se sont encore appuyés sur les limites budgétaires pour expliquer cet état de chose. D’après eux, à partir des prix actuellement en vigueur et de la pression fiscale exercée par les Pouvoirs Publics dans ce secteur d’activités, les revenus des barmen sont actuellement trop réduits pour financer l’achat des produits et le salaire d’un employé de plus, en l’occurrence, un agent d’entretien commis à cette tâche. D’où la persistance de l’insalubrité dans les toilettes des bars au Cameroun. Situation pour laquelle une prompte réaction du Gouvernement a été souhaitée.
Au finish, loin de chercher une confrontation ou un bras de fer avec les autorités de la République, le SYNEDEBOC a tenu à réitérer face aux médias, sa politique de main tendue et de dialogue social pour l’épanouissement de tous les acteurs du secteur des débits de boissons. Les portes restent ouvertes aux discussions afin que les intérêts des uns et des autres soient préservés d’après les déclarations des syndicalistes.

BARMAN À L’ÉCOLE DES TÉLÉPROCÉDURES ET DES DIFFÉRENTES TAXES
Au-delà de cette conférence de presse inaugurale, la suite du programme de cette semaine du barman lancée ce lundi 29 avril 2024 prévoit la participation des barmen au défilé du 1ᵉʳ mai marquant la fête du travail sur toute l’étendue du territoire national. Également prévue, une campagne de sensibilisation à l’École nationale Supérieure des Travaux Publics avec pour thème “consommation abusive de l’alcool et des différentes drogues en milieu universitaire, gage d’échecs pour la jeunesse “. L’évènement aura lieu le vendredi 3 mai 2024 à 11h. Autre arrêt majeur, le jeudi 9 mai 2024, à 11h, avec le lancement de la campagne nationale de sensibilisation dans les débits de boissons au Cameroun, à partir de Douala, dans la Région du Littoral. Thème de l’activité : “Barman à l’école de la téléprocédure et des différentes taxes ” Articulation suivie dans l’après-midi, à partir de 14h, d’une descente dans les autres Régions pour le même objectif. L’apothéose, en deux phases, interviendra le samedi 11 mai 2024 avec tout d’abord à 5 h 30, une marche sportive qui partira du lieu-dit Chapelle Elig-Effa et enfin à 20h, une soirée de gala qui va clôturer cette édition 2024 au Blason d’Or, au centre-ville de Yaoundé au niveau du rond-point du Premier Ministère.
Crée depuis 2006, le SYNEDEBOC est l’un des plus vieux syndicats au Cameroun. Il compte plus de 32 000 membres et représente autant d’emplois et de familles entretenues par ricochet sur toute l’étendue du territoire national. Pour en faire partie, il faut juste être barman et payer sa carte de membre au coût de 10 000f CFA, valable à vie.

Ce que ça fait… Ça fait !