Pour le lancement officiel de ses activités, NATURE AND JUSTICE , une jeune association camerounaise dont la légalisation n’est effective que depuis le mois de juin 2023 a organisé une conférence de presse pour alerter l’opinion publique nationale et internationale sur les obstacles qui minent l’épanouissement du secteur de l’exploitation miniere au Cameroun. L’évènement s’est déroulé le vendredi 3 novembre 2023 à la Maison du Café ici à Yaoundé avec pour thème : ” Impacts socioéconomiques, écologiques et fonciers des industries extractives au Cameroun : impératif pour des solutions non-violentes des litiges”
Sommaire
Comme son nom le laisse présager, la mission globale de NATURE AND JUSTICE est la protection de l’environnement et la justice ; une justice sociale non violente orientée vers la recherche pacifique de solutions aux problèmes impactant négativement l’équilibre des écosystèmes d’une part et l’épanouissement des populations d’autre part. Un combat qui va en droite ligne avec les Objectifs de Développement Durable (ODD).
En effet s’il faut le rappeler , dans le but d’éradiquer la pauvreté sur toutes ses formes et dans tous les pays du monde , garantir la prospérité et le bonheur pour tous les êtres humains et protéger par dessus tout la planète, les États membres des Nations Unies ont adopté en septembre 2015 un agenda et une feuille de route qui contient 17 cibles communes à implémenter par chaque État sur son territoire d’ici 2030. Déclinée au niveau de chaque pays en fonction de ses spécificités socio-politiques, la mise en oeuvre de ces 17 ODD fait appel à un engagement actif non seulement des gouvernements mais aussi des chercheurs, des entreprises, des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) et surtout de la Société Civile. Le plan d’ action de NATURE AND JUSTICE pour la promotion du développement durable s’appuie donc fortement sur ces Objectifs de Développement Durable notamment l’ODD 13 sur la lutte contre les changements climatiques et l’ODD 16 sur la justice et la paix.

Pour le lancement solennel de ses activités, cette jeune structure dirigée par Adrienne ENGONO MOUSSANG a choisit de jetter un pavé dans la marre dans le secteur extractif camerounais en général, et dans celui de la Région de l’Est en particulier. Et ceci , à travers une conférence de presse organisée le vendredi 3 novembre 2023 à la Maison du Café au lieu dit “Montée Ane Rouge” ici à Yaoundé . L’évènement a rassamblé une dizaine de journalistes et des hommes de média , autant de jeunes compatriotes invité pour la circonstance, un expert de la Société Civile et quelques membres du Bureau Exécutif de cette association . Il était question pour tous les participants non seulement de découvrir l’existence de ce nouvel acteur de la défense de la cause environnementale qui va désormais se déployer sur le terrain auprès des autres acteurs de la société civile d’une part , et de tirer la sonnette d’alarme sur les problèmes qui minent le secteur extractif dans la région de l’Est du Cameroun d’autre part. Thème des échanges : ” Impacts socioéconomiques, écologiques et fonciers des industries extractives au Cameroun : impératif pour des solutions non-violentes des litiges “
EN 2017 LE CAMEROUN SE DOTE D’UN CODE MINIER
Pour animer ces échanges NATURE AND JUSTICE a fait appel à DECLERMOND ATEBA LOGO , Coordonateur du CEPED (Centre pour la Protection de l’Environnement et le Développement Durable), une OSC qui travaille sur des thématiques telles que
la Gouvernance forestière,
la Gouvernance environnementale ou encore l’appui à l’ accompagnement des communautés.

Parlant du cadre juridique l’ expert dans ses explications a commencé par rappeller que cette activité prend corps dans notre pays dans les années 2007. Puis en 2017, le Cameroun se dôte d’un Code Minier qui stipule en son article 2 qu’il a pour objectif de promouvoir le développement , autant des communautés à la base que du pays tout entier. L’ activité génère certes des emplois mais à un faible niveau pour l’instant. Ainsi par exemple , dans l’ensemble des entreprises qui exercent dans le Département de la Kadey, d’après Declermond ATEBA LOGO ” on a dénombré près de 197 employés et parmi lesquels on a recensé seulement 17 camerounais “. Un vrai paradoxe. Le cadre juridique existe donc bel et bien mais cela n’empêche pas les dérives sur le terrain . Les conséquences de l’anarchie qui règne dans ce secteur d’activités se situent donc d’après l’Expert à plusieurs niveaux :
Sur le plan socio-économique , il y a tout d’abord la perte des dévises dans le circuit informel à la fois pour l’Etat , pour les CTD et même les communautés à la base. Ensuite, on observe une dégradation accélérée du cadre de vie des populations riveraines comme on peut l’observer en passant par BATOURI.
La baisse de la production agricole au profit de l’orpaillage qui cristalise l’attention de toute la main d’oeuvre, des enfants aux vieillards en passant par les femmes est également à déplorer .
À noter aussi, la multiplication des conflits : conflits entre les exploitants et les communautés riveraines ; conflits entre l’administration locale et les communautés ; conflits entre les communautés elles-mêmes ; conflits entre l’administration et les exploitants . Tout ceci sous fond de contestations des cotes parts financieres.
L’insécurité s’est également installée avec des vols de biens , des agressions physiques, des enlèvements et même des assassinats. Une insécurité qui se vit aussi dans le cadre du travail dans les fosses ou on enregistre fréquemment des éboulements qui font des morts.
Sur le plan sanitaire, on relève beaucoup de cas de maladies notamment le développenent des formes de cancer liées d’après des spécialistes de la médécine à l’exposition des orpailleurs artisanaux au mercure . À celà vient s’ajouter le VIH et les MST du fait du brassage des populations et du développement de la prostitution.
LA PERTE DE LA BIODIVERSITÉ AVEC LES SOLS DÉCAPÉS ET LES TROUS CREUSÉS PARTOUT
Sur le plan environnemental , les dégats se reflètent au niveau de la dégradation du fleuve et des cours d’eau comme la Kadey de plus en plus pollués avec le deversement dans son lit des résidus de l’orpaillage. La faune aquatique est ainsi directement impactée et depuis un certain temps, les poissons pêchés dans ce cours d’eau et ses afluents sont déconseillés à la consommation humaine . On observe également la perte de la biodiversité avec les sols qui sont décapés et des trous qui sont creusés un peu partout .
Sur le plan foncier , l’ acaparement des terres des communautés est une réalité et une source permanente de tensions sociales : pas d’indemnisations, pas de relocalisation des populations déguerpies du fait de l’exploitation des gisements dans leurs villages.

Au-delà de ces zones d’ombre ,les participants au bout des échanges qui ont suivi cette présentation , se sont accordés sur le fait que bien qu’évoluant dans l’ensemble en marge de la réglémentation et des droits de l’homme au Cameroun, le secteur extractif représente tout de même d’énormes oportunités pour l’essor socio-économiques de notre pays. Un secteur d’avenir qui mérite d’être mieux encadré et mieux structuré . L ‘ exploitation minière etant au finish, une chaine qui nécessite une parfaite collaboration entre les différents maillons à savoir les communautés, les entreprises et les autorités administratives cette activité inaugurale de la jeune association NATURE AND JUSTICE s’est achevée par un appel à l’attention des autorités pour plus de transparence dans ce secteur.
DECLARATION DE NATURE AND JUSTICE SUR LES INDUSTRIES EXTRACTIVES AU CAMEROUN
“Le Cameroun dispose d’un potentiel minier important. Qualifié de scandale minier, le sous-sol Cameroun abrite des activités aussi scandaleuses. Ceci est d’autant plus inquiétant que dans sa stratégie nationale de développement à l’horizon 2030, le secteur minier est un des leviers de poids.
Cependant, l’exploitation de l’or ou du diamant, par exemple reste très peu bénéfique pour l’état ; Les quantités déclarées par les autorités camerounaises, restant en deçà de celles réceptionnées dans les pays destinataires, si l’on s’en tient aux dénonciations de certaines organisations de la société civile. paradoxalement, elle est sources de violences et de violation des droits de l’homme et de l’environnement.
Parlant des violences, elles sont d’une part, liées au non-respect du code minier qui prescrit la réhabilitation des sites miniers après exploitation, selon le principe de la loi-cadre sur l’environnement qui invite le pollueur à payer, (des trous miniers côtoient des habitations dans des villages à Ketté, Bétaré Oya ou encore Kambélé dans la région de l’est, par exemple). D’autre part, le traitement, parfois inhumain infligé aux populations qui, lorsqu’elles ne sont pas dessaisies de leur terre, sont violentées dans les chantiers par les employeurs. A en croire le journal Ecomatin du 14 juin 2022, les sites d’exploitation artisanale de l’or ont enregistré 192 décès entre 2014 et 2022.
Des situations qui tendent à transformer des champs miniers en foyers de conflits et qui pourraient s’empirer si rien n’est fait au vu de l’ampleur que prend l’activité minière au cameroun.
C’est pour apporter sa petite pierre à l’édifice que l’association Nature & Justice lance un appel en direction des autorités en charge de l’industrie extractive afin que celles-ci fasse respecter les textes en vigueur. Il s’agit de :
- Combattre la corruption dans le secteur minier ;
- Renforcer les mesures pour la promotion de la non-violence sur et hors des sites ;
- Protéger les populations riveraines contre la spoliation de leurs terres ;
- Limiter la pollution des cours d’eau ;
- Combattre le travail des enfants ;
- Respecter les droits des femmes ;
- Restaurer les sites après exploitation ;
- Limiter l’utilisation des produits dangereux et toxiques;
- Protéger les travailleurs contre les abus des employeurs.”
POUR NATURE AND JUSTICE
LA PRESIDENTE

Ce que ça fait…ça fait !